A Alos la paix des ménages peut être parfois troublée
Arnaud Hastoy épouse Marie Bernardine Carricaburu en 1882 à Alos. Cet instituteur de 58 ans est à la retraite depuis 1880 après 26 années de « bons et loyaux » services. Natif de Licq-Atherey, il a longtemps vécu dans la commune d’Alos où de nombreux élèves ont eu à faire à lui. Il est récompensé en 1873 et reçoit une médaille de bronze en tant qu’instituteur public sur la décision du conseil départemental, décision d’ailleurs approuvée par le recteur d’académie.
Marie Bernardine, dite Marie en famille, est âgée de 55 ans au jour de son mariage. Cette ménagère est la fille de Michel Carricaburu et de Marie Mignaquy, parents qu’elle a perdu dans les années précédentes.
Quand ils se marient, ils sont tous deux veufs, Arnaud a perdu sa première épouse, Marie Urruthibeheity en 1873 et Marie, son époux Jean Bedalun Luqué en 1867, un cultivateur alors originaire d’Alçay-Alçabehety-Sunharette comme elle. Chacun a eu plusieurs enfants de ces précédentes unions.
Une récolte compromise
Les années passent et nous nous retrouvons en 1895 à la fin de l’été. Les jardins entretenus par les habitants d’Alos donnent leurs derniers fruits et leurs propriétaires engrangent les récoltes pour se préparer à la période hivernale. Marie Hastoy, institutrice de son état, fille d’Arnaud issue de son premier mariage, n’échappe pas à ce labeur pour les parcelles dont elle partage la propriété avec son mari Stanislas Jaureguy originaire d’Abense-de-Haut et qu’elle a épousé en 1880 à Alos.
Une colère incontrôlable
Que s’est-il passé dans la tête de sa belle-mère Marie Carricaburu pour être allée saccager ces parcelles ? La fureur l’a en tous cas animée tout au long de cet épisode destructeur pendant lequel elle a arraché les choux, les pommes de terres, coupé un pommier et dessouché des vignes, sans compter tous les autres légumes qui poussaient dans les champs et jardins du couple Jaureguy ! Elle n’a pu se retenir et a déchargé toute sa colère sur ces végétaux qui n’attendaient qu’une paisible récolte. La jalousie n’est peut être pas étrangère à ce coup de folie. « Vengeance de marâtre » explique le Mémorial des Pyrénées, journal local du département ! Devons-nous souligner que les Jaureguy sont plutôt gens aisés ? Stanislas a bien réussi dans ses transactions commerciales du temps où il était établi à Lima au Pérou et il finit sa carrière comme rentier. Elle est institutrice et perçoit donc un revenu régulier. Du fait de ce métier qu’il lui a transmis, le père avait-il une affection particulière pour cette fille qui suivait ses traces ?
Quelles qu’aient été ses motivations, Marie Carricaburu n’était pas seule dans son entreprise. Elle s’est faite aider par une certaine Marianne Irigaray, chargée de faire le guet pendant qu’elle assouvissait sa vengeance sur les plantations Jaureguy. Le couple ayant porté plainte, la belle-mère eccope de 15 jours de prison et son acolyte de 7 par condamnation du tribunal correctionnel de Saint-Palais en date du 13 décembre 1895. Si la dame Irigaray accepte la sanction, Marie Carricaburu nie farouchement et compte bien faire appel de la décision !
Mais la Cour reste ferme et confirme le jugement ! Il faut dire que la prévenue est décrite comme ayant « un caractère violent » et qu’elle a déjà été condamnée par le passé à 20 francs d’amende pour coups et blessure. Ajoutons que son instituteur de mari Arnaud, n’est pas en reste puisqu’avant elle il a également été condamné pour … « dévastation de récoltes » !
Une malheureuse habitude semble-t-il au sein de cette famille.
Sources
- Le Mémorial des Pyrénées, 19 janvier 1896, Gallica
- Le Mémorial des Pyrénées, 14 janvier 1873, Gallica
- Bulletin des lois, Nº 1193
- Etat civil, Alos-Sibas-Abense-de-Haut, archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
- Etat civil, Licq-Atherey, archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
- Etat civil, Alçay-Alçabehety-Sunharette, archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
- Etat civil, Abense-de-Haut, archives départementales des Pyrénées-Atlantiques