Qu’est-ce que la gasaille : définition
Le contrat de gasaille ou bail à cheptel fixe les modalités de garde d’un ou plusieurs bestiaux qu’un propriétaire (le bailleur) confie à un éleveur ou à un cultivateur (le preneur). Plus largement ce contrat permet à un propriétaire de confier des biens à une autre partie, de manière à ce que ces biens puissent lui procurer un revenu.
C’est un terme très ancien, que l’on rencontre dès le Moyen Age et essentiellement dans le sud de la France.
Comment fonctionne la gasaille ?
Deux types de contrats existent :
→ à miey gouadainh : à moitié profit. Dans ce cas, le preneur bénéficie de la moitié des gains obtenus (lait, fromage, fumier, laine).
→ A gasalhe : le preneur peut utiliser les animaux pour le travail, il peut avoir les produits laitiers et le fumier, le reste étant à moitié profit (laine, augmentation du cheptel).
C’était un mode de placement avantageux pour le propriétaire tandis que le preneur avait l’avantage de pouvoir utiliser le bétail pour l’exploitation de ses terres sans débourser l’argent pour les acheter au départ.
Les contrats se concluaient oralement les jours de marché puis ils étaient rédigés chez le notaire. Une durée était convenue entre les deux parties, souvent renouvelée par accord tacite.
Où trouver ce type de bail ?
Comme c’est dans un contrat que sont fixées les conditions d’exécution de ce bail, c’est le notaire qui en rédigeait les termes. C’est donc dans les liasses notariales classées en série E aux archives départementales que vous les trouverez. Découvrez comment chercher les actes notariés dans notre article qui détaille les méthodes pour retrouver ces documents aux archives ou en ligne.
Il est intéressant d’en faire la lecture, car cela permet d’en apprendre davantage sur le quotidien d’un ancêtre. Propriétaire ou métayer, on comprend ainsi la nature des revenus de chacun et le mode d’exploitation des terres agricoles.
Exemples de gasailles
29 juillet 1749, François LAPEYRE négociant de Labastide en Béarn donne gasaille « à moitié profit selon l’usage de Navarre » à Arnaud maître de BERHOCOIRIART de Masparraute, une paire de bœufs de 168 livres, une jeune paire de bœufs de 105 livres, une jument « avec son fruit au pied » de 69 livres pour un capital total de 342 livres.
Arnaud « promet et s’oblige » de les soigner et gouverner en bon père de famille ». François LAPEYRE peut récupérer son bien « en bon état à toute heure ». [1]
Le 26 juin 1750 contrat de gasaille est rédigé en faveur d’Arnaud de CHANGART maître adventice de la maison BAIBIRY de Béhasque qui a pris en charge une paire de vache (81 livres) des mains d’Arnaud IRIGOIN fils naturel de Martin sieur de la maison IRIGOIN d’Arberats. [2]
Le 22 juin 1758, Martin MENDIBURE habitant Biscay tient à titre de « gazaille moitié gain et moitié perte » des mains de Demoiselle Marie LABORDE de Labastide Villefranche, représentée par François Du CLOS son neveu, une paire de bœufs au capital de 261 livres.
Si ces bœufs périssent ou se perdent par la faute de Martin, il sera tenu d’en supporter entièrement les frais.
Si c’est de mort naturelle, la perte en sera partagée à moitié.
Il ne pourra les vendre ou les troquer qu’avec le consentement de la propriétaire. [3]
Sources
[1] Minutes du notaire BIDEGAIN, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, III E 1139
[2] Minutes du notaire BIDEGAIN, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, III E 1139
[3] Minutes du notaire SALLAHART, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, III E 2369
Bacque-Cochard, Martine, Petites exploitations rurales en Pays Basque français (1850-1900), thèse , 2004, université Lumière Lyon-2
CAUCANAS Sylvie, « À propos des baux à cheptel. Gasailles et arègues en pays d’Aude (xve-xviiie siècle) », Histoire & Sociétés Rurales, 2005/1 (Vol. 23), p. 205-217. DOI : 10.3917/hsr.023.0205. URL : https://www.cairn.info/revue-histoire-et-societes-rurales-2005-1-page-205.htm
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